« On t’a fait connaître, homme, ce qui est bien; et ce que l’Éternel demande de toi : c’est que tu mettes en pratique le droit, que tu aimes la bonté et que tu marches humblement avec ton Dieu » (Michée 6:8)
Il y a des moments dans la vie où notre générosité envers les autres est mise à l’épreuve. La pandémie mondiale actuelle a mis en évidence de nombreuses personnes qui ont besoin de notre compassion. La grande majorité d’entre nous côtoient des gens qui souffrent et, chaque jour, nous devons prendre des décisions sur la façon de partager judicieusement les ressources que Dieu nous a confiées. Je me fie à ma propre expérience pour vous faire part de la façon dont j’aborde la question suivante : Comment puis-je aider avec sagesse des personnes qui vivent un malheur?
Ne négligez pas le soutien à votre église locale. « Mieux vaut un voisin proche qu’un frère éloigné » (Proverbes 27:10). « Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous et en particulier envers nos proches dans la foi » (Gal. 6:10). Aujourd’hui, plus que jamais, je suis persuadé que nous devons redoubler d’efforts pour soutenir financièrement notre église locale. Comme membres de la famille de Christ, nous devons nous assurer que notre assemblée locale continue de bien fonctionner et qu’elle dispose de tout ce qu’il lui faut pour accomplir la Grande commission. Chaque assemblée locale, peu importe sa taille, a une responsabilité historique de demeurer ouverte et de bien fonctionner pour partager le message de réconciliation. Il y a des millions de personnes ouvertes et en quête de réponses qui sont avides d’entendre la bonne nouvelle de rédemption. L’histoire du bon Samaritain représente le défi historique que doit relever l’Église chrétienne. Il nous incombe de nous assurer que nos églises chrétiennes locales disposent de ressources suffisantes pendant cette crise pour venir en aide à notre prochain, avec des paroles et des gestes qui témoignent du message de miséricorde et de rédemption en Christ.
Ne vous laissez pas envahir par un sentiment de culpabilité. « Si quelqu’un qui possède les biens de ce monde voit son frère dans le besoin et lui ferme son cœur, comment l’amour de Dieu peut-il demeurer en lui ? » (1 Jean 3:17). Durant cette pandémie, j’ai été appelé à soutenir un certain nombre de familles en difficulté. Presque chaque jour, je reçois des demandes d’aide légitimes que je dois refuser avec beaucoup de tristesse. Cependant, j’ai été encouragé par la prière du théologien Reinhold Niebuhr, « Seigneur, donne-moi la force d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux changer et la sagesse de les distinguer. » La présente crise va soulever bien des défis lorsque viendra le moment de décider à qui nous devons accorder de l’aide. Je crois qu’il y aura des moments où nous devrons demander au Seigneur de nous aider à accepter dans la paix que notre générosité a des limites. Toutefois, si Dieu nous a confié des ressources en dépit d’un avenir incertain, nous devons avoir le courage de continuer à soutenir ceux qui sont dans le besoin en nous fiant à la sagesse de Dieu pour discerner ce que nous pouvons faire ou ne pas faire pour autrui. « Que chacun donne comme il l’a décidé dans son cœur, sans regret ni contrainte, car Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Cor. 9 :7).
Favoriser les stratégies qui visent l’autonomie. Durant mes années de service comme travailleur humanitaire, j’ai appris que l’aide la plus importante que je puisse donner est celle qui procure des avantages durables. Actuellement, en cette période difficile, j’accorde de l’aide à trois familles monoparentales et cinq autres familles. Outre l’aide destinée aux besoins quotidiens, une partie de mes dons est consacrée à l’appui de projets qui devraient les aider à subvenir à leurs propres besoins. Ainsi, ils ont reçu du matériel pour la couture; du bois et des outils pour construire des armoires; un véhicule d’occasion pour qu’un mari lance une entreprise de taxi; des articles de jardinage et des semences.
Suite à l’ouragan Mitch, un pasteur et moi sommes montés à bord de deux hélicoptères Black Hawk pour acheminer de l’aide humanitaire dans les parties les plus éloignées de la jungle du Honduras. Parmi les provisions que nous apportions, il y avait mille trousses contenant du matériel de pêche. Le chef de la tribu nous a dit : « De tous les dons que vous nous avez apportés, c’est le matériel de pêche qui est le plus précieux, parce que maintenant nous pouvons pêcher et rapporter à manger à la maison. »
Récemment, au Venezuela, j’ai dirigé un projet d’aide qui visait à construire une serre capable de produire près de vingt-cinq mille semis pour que des gens puissent cultiver leur propre potager.
Après que l’ouragan Félix s’est abattu sur l’Amérique centrale, je suis monté à bord d’un hélicoptère cargo Mi-8 pour me rendre dans le village le plus éloigné du nord du Nicaragua. J’ai été en mesure de livrer des centaines d’outils pour aider des gens à reconstruire leurs maisons. Le lendemain, quand l’hélicoptère est revenu me chercher, en survolant le village, nous pouvions voir des douzaines de personnes agitant leurs outils dans les airs pour nous montrer qu’ils entamaient la reconstruction.
En Thaïlande, j’ai visité une communauté qui avait été durement frappée par le tsunami de 2004. J’ai été impressionné par l’efficacité des efforts de reconstruction. J’ai demandé à l’un des dirigeant de la communauté quelle avait été l’aide la plus précieuse qu’ils avaient reçue des organismes humanitaires, et il m’a répondu : des outils.
J’ai participé à la construction de serres au Pérou, dans les montagnes éloignées au climat froid, et j’ai eu le plaisir de voir des descendants des Incas récolter avec fierté leurs propres produits.
J’ai fait partie d’une équipe de secours humanitaires pour venir en aide à Haïti après le séisme. Selon mes propres observations, on aurait pu en faire plus pour ce pays démuni en investissant dans des initiatives qui favorisent l’autonomie.
Établissez un budget de dons. Il s’agit là de l’initiative de ma défunte épouse, Pam, qui a établi ce qu’elle appelait le « compte de dons ». Pam ne manquait jamais d’y verser un pourcentage de notre revenu personnel dans le but de venir en aide à des amis ou à des organismes de bienfaisance. À un moment donné, une parente défunte a constaté à quel point notre compte de dons fonctionnait bien et elle s’est engagée à le réapprovisionner. Comme dans l’histoire d’Élie et de la veuve tirée du Livre des Rois, notre « compte de dons » familial ne s’est jamais vidé. « En effet, voici ce que dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : La farine qui est dans le pot ne manquera pas et l’huile qui est dans la cruche ne diminuera pas, jusqu’au jour où l’Éternel fera tomber de la pluie sur le pays. » (1 Rois 17:13b).
Sollicitez l’engagement des autres. Récemment, une personne m’a fait part d’une demande urgente tout à fait valable, mais dont les besoins financiers dépassaient largement mon budget de dons personnels. Dans la prière, j’ai fait appel à un bon ami qui avait les moyens de venir en aide à cette famille et je les ai mis en contact. Mon ami s’est empressé de les aider et a répondu à leur besoin. Il se peut fort bien qu’un besoin se présente à vous et que vous n’ayez pas les moyens d’y répondre. Dans ce cas, je vous invite à avoir recours à l’aide d’une personne avec qui vous êtes à l’aise pour lui demander d’intervenir. Le bon Samaritain a recruté l’aubergiste qui a dû assumer une charge de travail supplémentaire. À la demande du Samaritain, l’aubergiste a accepté de donner des soins à son prochain et de veiller à son bon rétablissement. « Celui qui accorde une faveur au pauvre prête à l’Éternel, qui lui rendra son bienfait » (Proverbes 19:17).
Lorsque c’est possible, participez directement dans le projet de don. Je recommande que les donateurs s’impliquent davantage. L’année dernière, j’ai fait la connaissance d’une famille de missionnaires œuvrant auprès d’une communauté autochtone dans un coin isolé du Venezuela. Leur maison avait un besoin urgent d’entretien et la communauté avait désespérément besoin d’aide humanitaire. Je me suis senti interpellé. Pour apporter des approvisionnements de secours à ce village lointain, il a fallu conduire pendant plus de douze heures sur les routes les plus dangereuses du Venezuela. Nous avons aussi fait face à des menaces d’emprisonnement pour avoir transporter de l’aide humanitaire. Après deux voyages de mission auprès de cette communauté avec mon équipe de secours vénézuélienne, nous sommes parvenus à réparer la maison de la famille du missionnaire, à planter des potagers, et à fournir de l’aide médicale et alimentaire à des douzaines de personnes. Nous sommes partis avec une grande satisfaction d’avoir accompli du bon travail auprès de cette famille et de cette communauté. « Elle ouvre ses bras au malheureux, elle tend la main au pauvre ». (Prov. 31:20)
Il y a presque quinze ans, ma famille et moi avons fait la rencontre d’un ébéniste talentueux qui traversait des moments difficiles. Il s’appelait Jose. Ma femme et moi avons décidé d’aider cet homme et sa famille pendant un certain temps. Nous avons donc fait l’achat d’équipement pour l’atelier de Jose : une scie à table, une raboteuse, une toupie, des perceuses, du bois, des outils à main, etc. Lors de mes voyages en Amérique du Nord ou en Europe, j’en profitais toujours pour chercher des outils qui pourraient améliorer le travail d’ébéniste de José. Avec le temps, son entreprise s’est établie plus solidement et José, lui, est devenu un fervent disciple de Christ ainsi qu’un évangéliste très efficace.
J’ai visité l’atelier de Jose la semaine dernière. Il était là avec sa famille et deux autres hommes en train d’emballer des provisions alimentaires pour les donner à des voisins. Sans faire mention de mon nom, Jose a dit aux deux hommes qui l’aidaient : « Durant la période la plus difficile de ma vie, quelqu’un est venu et a fait preuve de générosité envers moi et ma famille. J’ai souvent pensé que je ne méritais pas autant de générosité. Je suis devenu persuadé de l’amour inconditionnel de Dieu parce qu’en dépit de mes fautes, quand j’étais dans le besoin, quelqu’un a été généreux… ».
« Heureux ceux qui font preuve de bonté, parce qu’on aura de la bonté pour eux. » (Matthieu 5:7)
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